Les maquilleuse et coiffeuse de France Télévisions ont terminé de bichoner Anna, et nos Étoiles sont à présent au pied du célèbre tapis rouge, prêtes à vivre leur première montée des marches. Moment privilégié offert par le Festival de Cannes… Nous reviendrons sur ce soutien exceptionnel qui, depuis trois ans, fait rêver nos ados en soins ou en rémission d’un cancer.
Aujourd’hui, Tran Anh Hùng rend hommage à la gastronomie française.
En 1993, le cinéaste avait déjà abordé la cuisine dans « L’Odeur de la papaye verte », un premier long-métrage récompensé par la Caméra d’Or et le Prix de la Jeunesse à Un Certain Regard lors de la 46e édition du Festival de Cannes.
Trente ans plus tard et quelques longs-métrages, Tran Anh Hùng revient dans le thème en s’inspirant du roman « La Vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet » de Marcel Rouff.
Avec son dernier opus, il nous plonge dans la gastronomie française du XIXe siècle par une scène d’ouverture suave aux images cuivrées-dorées, une chorégraphie animée mais accompagnée par des mouvements de caméra mesurés pour capter toute la sensualité de ce qui se joue en cuisine.
Dans ce tableau vivant d’une autre époque, la magie est là.
Des regards mais pas un mot. Juste le son des ustensiles et le crépitement sur le feu ; le son qui donne du goût à l’image.
Des gestes précis travaillent en douceur légumes, viandes et poissons, accordés en sauces et en vins. Des gestes liturgiques qui présentent tout l’art culinaire dans ses rituels.
L’hommage à la gastronomie française est dans ces vingt premières minutes enchanteresses.
La justesse de ce film est ce qui le rend beau, une justesse que l’on doit aussi au tandem Pierre Gagnaire et Michel Nave, deux grands Chefs cuisiniers. Par leur choix d’utiliser de vrais produits sur le tournage, les deux hommes ont su porter à l’écran les parfums des plats, les couleurs des produits, le chant des casseroles et toute la gestuelle en cuisine.
« La Passion de Dodin Bouffant » célèbre deux arts : l’art d’aimer et l’art de cuisiner.
Ce palais de la gastronomie est aussi l’alcôve d’un amour entre le gastronome épicurien et sa cuisinière. Les personnages s’apprivoisent et apprennent à s’aimer.
Eugénie, cuisinière hors pair, est depuis 20 ans au service du célèbre gastronome Dodin.
Au fil du temps, de la pratique de la gastronomie et de l’admiration réciproque est née une relation amoureuse.
De cette union naissent des plats tous plus savoureux et délicats les uns que les autres qui vont jusqu’à émerveiller les plus grands de ce monde. Pourtant, Eugénie, avide de liberté, n’a jamais voulu se marier avec Dodin. Ce dernier décide alors de faire quelque chose qu’il n’a encore jamais fait : cuisiner pour elle
Un film généreux et contemplatif, charnel et délicat construit par une lente et puissante succession d’images. L’expérience cinématographique est intense, sensuelle et sensorielle.
Le dernier plan-séquence est juste magnifique, à tous niveaux.
A travers ces images sculptées, chaque cadre prend vie, l’histoire se façonne, la déclaration d’amour du réalisateur à la cuisine française s’écrit. Merci Tran Anh Hùng.
Nos Étoiles, peu sensibles à la petite histoire d’amour entre le bourgeois et sa cuisinière, ont en revanche retenu la grande (!) celle de l’art et de la passion culinaire.
Sortie nationale le 8 novembre 2023 !
avec Curiosa Films, Gaumont et France 2 Cinéma
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