Deuxième montée des marches avec nos jeunes cinéphiles pour le tout dernier opus du cinéaste Allemand Wim Wenders.
A l’origine, une commande de la municipalité de Tokyo pour une série de quatre ou cinq courts métrages d’une durée de 15 à 20 minutes chacun, et qui vanteraient les toilettes publiques du quartier de Shibuya, petites merveilles d’architecture et de design high-tech.
Au final, Wim Wenders préfère offrir deux heures poétiques centrées sur le quotidien d’un agent d’entretien.
L’histoire est celle de Hirayama, un homme peu loquace, quasi mutique ; un homme qui vit seul, sans être un solitaire pour autant. Il n’a aucun désir matériel et jouit de la vie grâce à des petits plaisirs comme la lecture, la photographie, la musique, et a un grand respect pour toute chose vivante. Il observe le monde et accepte l’idée de n’en vivre qu’à la périphérie.
Chaque jour, et dans le respect du bien commun et de la chose bien faite, il nettoie méticuleusement les toilettes publiques avec, semble-t-il, un bonheur calme et durable, reflet de son évolution spirituelle.
Sa vie semble s’écrire hors du temps, au rythme de journées aux habitudes invariables, dans un rituel très précis du lever au coucher, entre sérénité et plénitude. Et quand le hasard y fait irruption, c’est pour en magnifier certains instants.
Si le bonheur est quelque chose d’intime, il semble avoir trouvé le sien.
Mais cette routine jusqu’ici immuable sera troublée le jour où sa nièce, en fugue, débarquera chez lui. L’on comprendra alors qu’en réalité, Hirayama est issu d’un milieu social en total opposition avec sa vie actuelle où le bonheur est son seul privilège.
La grâce de Perfect Days est certes due à la maitrise du langage cinématographique de Wim Wenders mais aussi et surtout au jeu de l’acteur charismatique Kōji Yakusho, dans la profondeur de chacun de ses gestes et autres expressions corporelles. Au-delà du personnage, c’est tout le film qui repose essentiellement sur ce comédien.
Palme d’Or en 1984 avec « Paris, Texas », le cinéaste allemand propose aujourd’hui un film qu’il qualifie de profondément spirituel, une fiction poétique de deux heures ; une traversée où le temps s’écoule tout en délicatesse et en apesanteur, entre rencontres furtives, personnages évanescents et quotidien immuable.
Deux heures pendant lesquelles Wim Wenders nous réapprend à regarder des images sans attendre d’événements fulgurants.
Présente, la musique épouse habilement l’existence du personnage Hirayama jusque dans ses variations.
Perfect Days est une ode à la vie, à la vie simple, à l’épanouissement, un paisible traité pour l’art de vivre en harmonie dans une société tentaculaire. C’est un film profond et philosophique, dans la contemplation de l’ici et maintenant.
Le rythme lent et contemplatif suspend les esprits et rend ce film aussi doux que la lumière naturelle filtrée à travers les arbres, invitant à découvrir la beauté du monde même au-delà des nuages.
« Le fait est que si vous apprenez à vivre entièrement dans l’ICI ET MAINTENANT, il n’y a plus de routine, il n’y a qu’une chaîne sans fin d’événements uniques, de rencontres uniques et de moments uniques. »
Wim Wenders
Le cinéaste allemand signe ici un film d’une tendresse assurée, un film beau tout simplement.
Accroche : Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien. Bande-annonce.
Date de sortie : 29 novembre 2023
© Crédit photos : Haut et Court, Fabrizio de Gennaro pour Cineuropa